BUKOWSKI "The Midnight Sons" - Interview - 15 Fev 2011 :)
Avec un second album « The Midnight Sons » (sorti le 14 février 2011) qui vous laisse une bien belle sensation, celle d’avoir pris une vraie claque, le trio des plus sympathiques qui compose BUKOWSKI a mis dans le mille. Une interview avec Mat (G / V), Julien (B), Niko (Batterie) est à l’image de leur musique : un grand moment de décontraction sur une base sérieuse
(interview / photos: Tasunka)
Chronique "The Midnight Sons" ici :)
Comment vous présenteriez votre second album « The Midnight Sons » par rapport à « Amazing Grace » ?
Julien, basse : il s’appelle donc « The Midnight Sons », est chez Ankama Music, distribué par Anticraft / MVS Distribution. C’est un album assez riche où nous nous sommes fait plaisir, un disque qui part bien dans tous les sens, liberté d’action et d’esprit oblige, car on s’entend très bien entre nous. On a absorbé beaucoup de nos influences des années 90, que nous avons retranscrites dans cet album; c’est vraiment un disque qui s’est fait toujours dans la douleur quand on compose et enregistre, mais voilà, c’est un album qui nous ressemble au final
Dans la douleur ? C’est surprenant comme terme
Niko « Thunder », batteur: Oui, c’est ça, je pense que sur ce disque, nous avons été encore plus loin que sur le premier : sans nous poser de questions, ni nous mettre de barrières, ni de frontières: on s’est fait plaisir à 200%. On a essayé de faire une fusion de tout ce qu’on aime et de tout ce qu’on aimera, histoire de faire avancer le ‘schmilblick’ sans non plus ressasser les mêmes recettes. Nous avons pris des risques aussi, je dirais et on aurait pu en prendre plus, mais on n’avait pas assez de place sur le disque (rires)
Et ces risques, comment vous les définiriez ?
Mathieu (V / G) : S’attaquer à des choses qu’on ne maitrise pas spécialement pour aussi apprendre à évoluer, nous, personnellement musicalement, tester des choses qu’on ne sait pas encore tout à fait bien faire: c’est ce que nous avons déjà réalisé sur cet album. On a envie de continuer un peu dans cette idée là, de musiques qu’on ne maitrise pas spécialement, étant donné que nous venons d’une scène Métal, mais on aime s’ouvrir à des choses vraiment plus vastes, plus calmes, des ambiances même de musiques de films, des trucs vachement Blues. On essaie d’inclure tout ça dans notre musique qui est fondamentalement Métal à la base.
Niko : Il existe aussi une prise de risques entre guillemets au niveau « commercial » parce que le but, c’est que le disque se vende et de nos jours, dès que tu sors un peu des sentiers battus, tu te mets un peu en danger et d’avoir un producteur et un label qui te suivent et donc prennent eux aussi des risques en même temps que toi, ça met en confiance.
Vous pouvez me parler d’un gros soutien que le groupe a de la part de Oui FM, de Rock Hard, notamment ?
Parce que je pense que nous sommes des gens sympathiques (rires) On n’a pas fait exprès d'avoir ces réactions. A mon avis, il y a un capital sympathie, on est aussi des gens positifs et on se connait tous les trois, vraiment très bien, on est un peu une fratrie. C’est facile de rentrer dans notre case et les gens apprécient ça
Julien : Parce qu’on est d’un naturel assez enthousiaste. On n’est pas trop expansifs, mais tout ce qui nous arrive en ce moment, nous le prenons avec la banane jusqu’aux oreilles et on souhaite à tout le monde ce qui nous arrive et qui nous est déjà arrivé. C’est pour ça, ce capital sympathie doit venir de là: on est ouverts, on aime bien rencontrer les gens, on est proches du peuple (éclats de rires général :) On donne même nos cachets au public (rires)
Et après, vous vous demandez d’où vient votre capital sympathie ? (rires) Sinon, côté composition des morceaux, comment ça se passe en trio ?
Mat : Je pose une base à la guitare sèche, ensuite on se met un peu tout ça en répète à trois, avec Niko, qui aide pas mal à la structure, Julien qui écrit tous les textes et participe aussi à la compo. Je commence avec un riff, on met tout ensemble et Julien écrit les paroles.
Niko : Souvent ça part d’improvisations, d’idées de guitare, qui arrivent comme ça, la nuit, un peu attaqué. En somme, des choses qui viennent du cœur et ne sont pas réfléchies.
Julien : Oui, c’est ça. C’est facile pour nous, parce qu’il n’y a pas de calcul. On se fout littéralement de ce que les gens peuvent attendre, du carcan de la mode et du son. En ce moment c’est le son un peu cheap, anglais, nous on s’en fout complètement, on fait ce qu’on aime et visiblement, ça marche pas mal, donc, on va continuer :)
Il est question d’improvisation, il y en a eu en studio aussi ?
Niko : Complètement ! Vu qu’on avait pas mal de semaines de studio programmées, nous nous sommes permis d’arriver pas les mains dans les poches, mais pas forcément dans l’urgence non plus. La compo ayant pris une petite année. Avec notre producteur, Francis Caste, on s’est permis de faire des essais, de prendre notamment encore une fois des risques étant donné qu’on n’est jamais sûrs de rien, mais voilà, il y a sur ce disque, un panel d’influences, de références qui viennent aussi du fait qu’on a pris notre temps, beaucoup plus de temps.
Julien : En tout, on a eu dix semaines de studio. On avait des pré-prods et pour le reste, Mathieu avait beaucoup d’idées. On a tout fomenté avec la complicité de Francis Caste. On avait beaucoup de temps et c’est là où on peut parler de prises de risques et de tentatives et ça a été très agréable
Combien de titres vous aviez au total, avant la version finale, parce que vous semblez avoir été très créatifs ?
Mathieu : Oui, à la base il y avait trente bribes d’idées, pour ensuite en retenir seize sur bandes et finalement, on en a choisi treize. Eventuellement s’il y a un inédit à mettre sur un sampler, un CD ou quelque chose comme ça pour offrir en milieu de tournée, on est prêt. On a des cartes avec ce qui ne figure pas sur l’album
Niko : C’est vrai qu’il n’y a pas eu trop l’histoire de la page blanche, au contraire, ça a fourmillé d’idées pendant une petite année en parallèle de la tournée, ce qui n’était pas forcément simple, mais les idées étaient là, donc, on a pu avoir le choix et ça, c’est vraiment important.
Quels titres seraient les plus représentatifs de la diversité de l’album, d’après vous ?
Niko : Je dirais « Carnivourous », parce qu’il fait un lien entre les deux disques (entre « Amazing Grace » 2009 et « The Midnight Sons » 2011), « Slugs And Bats » aussi, qui garde la mélancolie du premier mais en allant encore plus loin dans les arrangements, la mise en place des refrains, des doubles voix. Tout le reste, j’ai l’impression qu’il y a une certaine nouveauté, une prise de risques, une nouvelle remise en question qui permettent d’avancer. Je pense que nous avons fait deux disques différents, mais en gardant cette touche Bukowski
Entièrement d’accord ! Comment c’était de collaborer avec Francis Caste (THE ARRS / AQME / ED AKE / LAZY, …) à nouveau, après « Amazing Grace » (2009) ?
Julien : C’était un réel plaisir. En fait, nous sommes des gens très anxieux, on travaille dans l’urgence en étant toujours dans le doute de ce qu’on fait, mais pas de manière réfléchie, dans le sens est-ce que ça va plaire ou pas, non, on veut aller toujours au bout de nous-mêmes et vraiment donner notre maximum pour que le disque on en soit fier à 200% et il n’y a qu’avec cette personne-là que nous sommes sûrs d’arriver à ce résultat-là, parce qu’il nous pousse dans nos derniers retranchements. C’est un arrangeur, un super zicos et humainement, c’est quelqu’un qui écoute, qui oriente quand il faut, mais sans dénaturer la compo ; je pense que c’est un grand producteur.On a remis le couvert avec lui, car ça semblait simplement évident. C’est le deuxième album ensemble et comme là, nous avons eu plus de temps, il y a plus d’implication de sa part, encore plus d’échanges, de crises de rires, de demis en terrasse (rires) Voilà, c’est tout, la vie quoi ! (rires à nouveau)
Pour rester avec toi, Julien, puisque les paroles sont de toi, ce n’est pas un obstacle à un niveau ou un autre pour écrire et faire passer ce que tu veux dire au mieux dans la langue de Shakespeare, en étant français à la base ?
Julien : Absolument, je le reconnais. Dans mon ancien groupe, j’écrivais déjà en français et j’ai cet amour de l’écriture ; c’est un peu plus délicat en anglais même si je me débrouille mais j’ai la chance d’avoir des amis anglo-saxons, pour m'aider. On a aussi beaucoup voyagé en Irlande, en Allemagne, en Autriche, en Argentine. J’ai aussi été en Australie où j’ai eu le temps de parfaire un peu mon anglais et puis, je fais vérifier mes textes après avoir tout écrit et s’il y a des pépins, on modifie. Il y a, par exemple, le chanteur de Loading Data, Eric, qui est formidable et m’aide bien là-dessus. Mais visiblement la copie du dernier album était bonne, je n’ai pas eu trop de ratures :)
Et de quoi parlent les textes ?
Julien : C’est assez introspectif, « The Midnight Son » par exemple, nous raconte nous, notre vie, à la limite. Je parle sinon de la violence de ce monde, de la débilité, de la montée de la haine, du désamour, de cette société consumériste mais le tout, toujours d’une manière subversive; j’ai des convictions, mais je ne veux pas étaler quelque chose de politique, afin de laisser le libre arbitre à l’auditeur. Toujours subversif mais jamais de choses bancales ou brutes de décoffrage
Vous avez donné beaucoup de concerts, qu’est-ce que vous en avez appris le plus, côté expérience ?
Niko : Sur ces deux années de tournée, c’est de savoir monter un vrai spectacle qui fasse plaisir à voir et pas notamment que de la musique, mais aussi des lumières, une vraie production de son, un vrai show. Qui laisse place à de l’improvisation mais aussi qui soit quand même quelque chose de carré et qui fasse juste plaisir aux gens, à l’image de groupes américains. Quand ils viennent en France, c’est un vrai spectacle qui est proposé. En France, ça a été difficile à accepter notamment par rapport aux lumières, alors que les lumières, c’est 50% du show et ça, c’était, pour nous, très important de le travailler. Aussi, l’expérience a apporté de savoir monter une setlist qui soit cohérente par rapport au rythme du show, ce que les gens doivent se ‘prendre dans la gueule’, pas tout le temps à 100%, c’est important de savoir jauger le rythme et les tempos.
Comment c’est BUKOWSKI sur scène : ça doit sautiller, bien bouger, non !? :)
Tout le trio approuve :)
Julien : Au regard de ce qu’on nous dit, oui, et pour nous déjà c’est une joie d’être sur scène, c’est un brûlot d’énergie où on se lâche et si on peut vomir après le concert, c’est que c’est un bon concert :)
Pas pendant ! (rires)
Julien : Attends, c’est déjà arrivé :)
Niko : On vient aussi d’une scène Metal Hardcore (des groupes WUNJO et KWAMIS), alors, on a encore ces réflexes de tout envoyer vraiment à 100% avec le cœur, sans faire des pauses réfléchies, non c’est authentique.
Je pense que dans BUKOWSKI, il y a encore cette touche, cette petite flamme Hardcore qui existe, subsiste, c’est la réalité. Après, on la camoufle, la travaille différemment mais moi, en montant sur scène, je ne me pose pas la question en me disant: «Merde, je ne vais pas faire de Hardcore ». Pour moi, c’est la guerre, je vais sur scène comme si c’était du Hardcore. Après, il y a des chansons un peu plus ‘Popisantes’ on va dire, pourtant je n’aime pas ce mot-là, mais les morceaux c’est un tout. Donc, non, sur scène, je suis fier de mon background, j’ai appris la musique en écoutant cette musique dure et je suis fier de jouer ‘dur’ parce que nous jouons ‘dur’, de toutes façons (approbation des deux compères :)
Vous parlez de jouer ‘dur’, mais ce qui intrigue justement en abord du nouvel album, c’est sa pochette surprenante par son ton
Mathieu : Surtout par rapport à celle du premier album, celle-ci est radicalement différente. C’est justement un parti pris, on voulait une pochette plus fouillée là où la précédente était épurée, très simple.
Julien : On est gargantuesques, avec de l’appétit pour tout : carpe diem ! (dit en chœur par tout le trio). Notre graphiste, Mamzelle Mamath (Mathilde Creac’h), a su synthétiser tout ça, donc il y a ce coté un peu anticlérical, épicurien, gargantuesque, rabelaisien…Bukoswkien !
Pour rester dans le gargantuesque, à la sortie de l’album le 14 février, vous avez célébré ça avec une méga teuf ?
Tout le groupe : Nous, la méga teuf, c’est tous les jours (rires)
Mathieu : C’est vrai que chez nous, tout est prétexte à ça, surtout la sortie d’un album, mais là, on avait des choses à faire aujourd’hui, la promo, alors on est restés sains
Niko : On va célébrer ça le 25 février dans notre fief, à Vauréal (Le Forum) dans le 95, parce que nous ne sommes pas un groupe parisien mais de banlieue…de campagne :) Comme quoi, on peut exister même en venant de banlieue. Le 25, la ‘carte blanche’ donnée au groupe, saura rattraper dignement le manque de fête d’hier. Une grande soirée en perspective !
Mathieu : On a invité les MUDWEISER, le projet parallèle du chanteur de LOFO(FORA - Reuno) qui vont venir en acoustique faire des reprises de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, de Blues des années 70 et ensuite, nous on enchaine sur un gros show bien avec des invités, des copains qui vont venir chanter, ce sera la surprise de qui il s’agit, et ça se terminera avec Pierre de OUI FM / « Bring The Noise », qui vient poser ses platines et faire bouger les gens : bref, une soirée Rock :)
Il y a des dates de tournée de déjà prévues ?
Le premier avril, à la « Pêche » de Montreuil, une autre à Notre Dame de Gravenchon (le 4 juin, à L’Arcade) qui est une super date du réseau Rock près du Havre, le 13 mai à Niort (Le Camji)
Niko : La tournée est en train de se monter parce qu’on a notamment un bon tourneur, New Track qui travaille avec MASS HYSTERIA, mais en France, c’est compliqué dans un sens, donc, on va avoir du résultat je pense fin mai et surtout au début de l’automne et l’hiver prochains
Quelles sont vos attentes pour « The Midnight Sons » qui vient de sortir et les projets futurs?
Mathieu : on a des retours et ça a l’air d’être le carton plein pour l’instant ; il n’y a que des bonnes critiques sur Facebook, sur les webzines. Je sais que sur ITunes, on était deuxième meilleure vente hier, troisième aujourd’hui, le 15 février. Tout va bien, c’est un très bon début
Niko : Pour l’avenir, on espère faire de belles premières parties d’envergure dans des grandes salles parisiennes, ensuite, avoir nos cachets (rires)
Mathieu : Et partir à l’étranger, surtout. On a tourné en Allemagne, en Autriche, en Irlande, en Argentine, en Belgique, mais on n’est pas encore distribué là-bas, ou en indépendant, il y a un différé dans la sortie de l’album à l’étranger, aussi pas de news pour l’instant. La promo là-bas se met en place aussi, prochainement.
Vous êtes endorsés côté instruments ?
Julien : Oui, par Fender
Niko : Je travaille beaucoup avec La Baguetterie (la plus grand enseigne spécialisée en Batteries, percussions) et avec la marque Vater (baguettes). Sinon, bien sûr, avec Gretsch, qui me fournissent une batterie :)
Mathieu : je suis endorsé par Fender aussi pour la guitare
Au fait, Mathieu, tu joues de la guitare et tu chantes aussi : c’est nouveau pour toi, le chant en lead ?
Mathieu : Oui, depuis les débuts de BUKOWSKI (en 2007). Avant, je faisais pas mal de backing vocal, je faisais les chœurs, dans les groupes, mais le rôle de frontman, c’est assez nouveau. Ça tombait sous le sens, là, on s’est dit qu’on allait faire le groupe à trois et que j’étais le seul chanteur potentiel; pareil pour Julien, avant, il n’avait jamais chanté et s’est improvisé chanteur aussi ; on est encore en pleine évolution là-dessus.
Niko : On a fait quand même un gros boulot notamment au niveau des backing vocals avec des interventions travaillées, pointues de Julien pour les chœurs. Il y a une grosse progression sur les arrangements vocaux par rapport au premier album, c’est carrément moins laborieux qu’avant et ça ne va qu'en s’améliorant.
Merci pour cette interview hautement sympathique et comme dit Julien : « Vive le vin de Bourgogne ! Et BUKOWSKI !! :)
(rires) Merci à toi aussi ! :)