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ISKA Photos & Works
1 novembre 2008

TRIBE AFTER TRIBE / Intw Robbi Robb (Artist :)

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Rencontre avec ROBBI ROB, cet homme à la présence artistique et humaine, unique. « M.O.A.B » le dernier album de TRIBE AFTER TRIBE est une perle à lui seul. Merci à Robbi Robb pour cet échange au parfum d'hors norme: il est bien « The Bearer Of The Flag Of Truth » (rencontrez cet artiste et vous comprendrez l’aura que tous lui prêtent et avec raison :). Merci à Roger Wessier aussi pour avoir rendu cette interview possible.
(Interview, photos: Tasunka)

Photos ROBBI ROBB ici ;) / Chronique TRIBE AFTER TRIBE: "M.O.A.B." ici ;)

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Pour commencer cette interview, j’aimerais t’avouer avoir eu un problème : eh oui, c’est que « M.O.A.B » est tellement bon qu’il m’inspire trop de questions pour ce petit laps de temps : et toi ? Tu as eu le même problème, à savoir trop de chansons pour juste la place d’un album ?

En riant, Robbi répond: Franchement, oui !! D’autant que l’histoire de « M.O.A.B.» suit Moïse de sa sortie d’Egypte jusqu’à la terre promise, avec un événement de sa vie retracé chacun dans un morceau. Mais le tout étant vu avec un regard aussi porté sur les événements actuels. Tu vois, comme il y avait au final beaucoup d’histoires, j’ai dû laisser de côté quelques éléments et c’est notamment le cas d’un belle chanson dont le sujet parle d’une femme et d’un attentat suicide. Comme elle est porteuse de bombe: on la suit la veille de son acte, quand elle songe à ses amis, à sa famille, à sa place de mère. C’est un très beau titre. Je ne sais pas, peut-être que par le futur il sera en ligne sur le net: on verra :)

J’espère :) Dis-moi, la multitude, la richesse, semblent être le fil rouge de l’album : par le nombre d’histoires, par la présence de nombreux musiciens connus ou moins et enfin, par la richesse d’interprétations du sens de « M.O.A.B » même.

Tout à fait :) Pour citer les artistes qui m’entourent, j’aimerais commencer par David, c’est simple, vu qu’il vit non loin de chez moi. Il a quitté les grandes villes pour s’installer dans la nature. Quand il a su pour le nouvel album, les choses se sont faites naturellement, il m’a simplement demandé: « Je peux venir ?» et la réponse était bien sûr oui; on a jammé ensemble et voilà :) « M.O.A.B.» s’est fait assez rapidement mais avec le 11 septembre et ce qui est arrivé ici aux Etats-Unis, ça a suscité une telle émotion que j’ai pris du temps pour réfléchir et méditer sur ce qui venait d’arriver, sur ce qu’il se passait dans le monde et au final, toute la famille a déménagé dans le désert. C’est un endroit incroyable de beauté, de paix et de calme. J’en ai parlé aux amis, à ceux que j’aime et leur ai proposé de venir eux aussi, en leur disant: « Pourquoi rester triste ailleurs alors que la vie est si belle et simple ici ?» :)

Tu pourrais présenter les musiciens qui t’accompagnent ?

Ce sont tous de grands musiciens, comme Archon à la basse. Lui et moi sommes amis et jouons ensemble depuis 30 ans. Des années auparavant, on avait un groupe qui s’appelait « The Silent Kid », en Afrique du sud: nous étions contre l’apartheid. Puis Archon a migré aux Etats-Unis avant moi et sur place, il a constaté que là aussi, la ségrégation était bel et bien présente, tout comme partout dans le monde en général. Face à ce constat, tu te mets à comprendre d’autant plus l’importance que peut avoir ce que tu fais. Tu n’es pas juste un artiste qui distrait, mais bien une personne qui est comme le dise les Amérindiens : « Medicine Speaks ». Pour moi, tout vient de ce sur quoi tu te concentres, de ce sur quoi tu mets l’accent: tu peux combattre l’ignorance en faisant réfléchir les gens ou en éclairant les choses d’un autre regard et ça, c’est essentiel pour nous tous. Sinon, pour revenir à la présentation des amis, tu as Joey (Vera) (basse, v) qui a un parcours avec ARMORED SAINT et METALLICA le voulait vraiment dans leur groupe, mais non, là il est avec moi et j’en suis heureux :) Lui et moi, nous avons été présentés par un journaliste qui voulait vraiment notre rencontre, nous voir jammer ensemble. Je suis donc à la salle de répète et quand je l’ai vu la première fois, avec ses cheveux longs, ses tatouages, je me suis dit : « Oh non, pas encore un de ces mecs typiques de L.A. » (rires) J’ai branché ma guitare, lui la sienne et 20 minutes plus tard, on s'éclatait: c’était un vrai échange de plans de guitare, de jams, du style : « Comment tu joues ça ? Ah ouais ! » C’était génial et depuis ce moment ça colle toujours. Chaque fois qu’on est réunis, on branche les grattes et c’est parti (rires) Tu vois, il y a aussi beaucoup de musiciens qui ont participé à « M.O.A.B » dont Annie, ma femme, qui était aux claviers. C’est vraiment quelqu’un de bien, de bon, qui parle en plus sanscrit et Indou et est très dévouée. Elle se perfectionne aussi pour tout ce qui est programmation aux claviers et je peux te dire qu’elle assure :) Pour l’album, nous avons tout fait ensemble pendant deux semaines: de l’histoire que nous avons écrite et mise à plat et aussi l’apport musical. Tu as Jeff (Ament-basse PEARL JAM), on joue ensemble depuis 10 ans. Avec Jeff, on a joué ensemble dans THREE FISH dès le début. Il est vraiment incroyable! Il pourrait être né en Afrique du sud: il a la même expérience que moi, ce même ressenti, ce sens du rythme si particulier, propre à la culture de là-bas.

C’est vrai que pour toi, le rythme, la batterie sont importants, à l’image de Peter Gabriel, ta référence

Complètement oui ! :) Le ressenti passe souvent par le tempo, par le rythme. Pour l’un des morceaux «Chiron», il est question des mexicains qui essaient de passer la frontière, de nuit. Là, le rythme est lent, pas athlétique, le reflet du mouvement d’un déplacement prudent, comme le battement d’un cœur qui donne le feeling, la sensation que quelque chose ne va pas: par ça, tu ressens ce que ressentent les clandestins, le battement, le rythme du cœur de ceux qui quittent Mexico, qui quittent leur patrie.

Et on le ressent vraiment intensément. Et en parlant d’intensité, je voudrais revenir sur « World Drum » et qui est puissant au possible : même si c’est le dernier titre de l’album, il ne symbolise pas la fin, mais juste le début, il semble :)

C’est exactement ça !!! :) Il a été placé à la fin de l’album simplement parce que c’est à la suite de l’histoire racontée avant. Tu vois, je songe à cette histoire qui était racontée quand j’étais enfant: elle parlait d’un roi Zoulou, qui avait accepté que les premiers blancs s’installent sur ses terres à leur arrivée. Il les avait même invités tous à une fête, mais à minuit, le roi a sifflé, faisant surgir des guerriers zoulous qui se sont mis à massacrer les blancs: hommes, femmes et enfants. Cette histoire avait frappé mon esprit quand j’étais enfant, au point que jusqu’à l’âge de 16 ans, je ne faisais aucune confiance à quiconque qui était noir, à cause de ça, avant de réaliser un jour que tout ça n’était que des mensonges. Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est le fait de commencer à les côtoyer et de jouer avec eux. J’ai réalisé, alors, le tissu de mensonges raconté et j’ai vu combien c’était simple d’être avec des zoulous, combien je me sentais bien avec eux. C’est incroyable de constater combien d’histoires dans le genre, d’idées reçues peuvent exister partout dans le monde et sont ancrées dans les esprits, dans l’humanité. C'est terrible quand tu songes aux génocides qu’il y a ou y a eus à cause de ces idées fausses qui donnent à quelques uns un sentiment de supériorité sur les autres et leur donne un pseudo droit, du coup, de tuer, de faire un génocide au nom de cette prétendue supériorité.
Une fois que tu comprends le faux de ces histoires, que tu te débarrasses du faux pour ne garder et voir que le vrai, là, tu peux entendre le tambour universel le « World Drum », ce battement du cœur que nous avons tous en commun. Une fois que j’ai dit et raconté toute l’histoire au cours de « M.O.A.B. », on peut alors entendre le battement du cœur qui danse, danse, danse...  :)

Je comprends ce que tu veux dire :)
J’ai lu que quelques personnes pensaient que « M.O.A.B. » bénéficie d’un meilleur son que « Enchanted Entrance », le précédent disque ; tu es d’accord ?

Non ! Les 2 albums sont différents, c’est tout. On a enregistré « M.O.A.B.» dans mon petit studio, dans le désert. Le producteur a fait du très bon travail. En fait, je voulais ces sons, cette ambiance si unique que tu as dans le désert, dans l’immensité, la nuit sous les étoiles. Quand je compose, je n’aime pas me répéter, ni répéter un morceau déjà écrit que ce soit par moi ou par les autres; si c’est le cas, je change. Si un titre une fois fini semble un bon titre, je me demande s’il a déjà été fait. Un morceau, je ne sais pas s’il est bon en soi, par contre, ce que je sais de façon certaine, c’est si ce morceau me fait me sentir bien et ça, c’est ce qui compte :)

Une autre chose qui semble compter pour toi, c’est le public : par exemple, sur ton site, c’est génial qu’il y ait des photos de fans qui défilent quand on le visite

Tu vois, quand je signe des autographes, je marque « Shine On» parce qu’à mes yeux, chacun est une star, une étoile :) J’aime les appeler tous « des amis ». 10 jours avant les concerts, je fais savoir que les personnes qui veulent venir avec un djembé, des percussions, sont les bienvenues: J’ai toujours avec moi quelques tambours pour ceux qui n’en auraient pas. Ces personnes rentrent alors gratuitement et viennent avant le concert, pour assister aux répétitions, afin que je leur explique qu’il y a 2 choses à respecter: suivre un signe de ma main, pour être synchro avec mon batteur et un autre, pour se lâcher :) ça donne 10 personnes jouant en même temps des percus et c’est fantastique le son que ça donne, en plus du plaisir à voir ça. C’est vraiment dingue au point qu’il m’est déjà arrivé de descende de scène, de me mettre devant, pour mieux apprécier l’ensemble. La barrière entre le groupe et le public est abolie et ça, j’aime :) Je préfère ça à avoir le groupe qui joue et le public qui regarde et applaudit simplement. Mais on m’a déjà dit de ne pas m’en faire pour ça, que la musique que je faisais était déjà unique et spéciale en soi et que le public l’appréciait aussi comme ça.

En 2 décennies de musique, de quoi es-tu le plus fier ?

C’est dur à dire vraiment; je suis fier quand les gens souffrent avec moi (rires) Je veux dire par là quand je vois que j’ai un rôle à jouer dans l’univers musical et c’est visible quand j’influence la musique des autres, quand je suis copié :). Je t’avoue ne pas aimer ma voix: même si j’adore chanter, je n’aime pas m’entendre. Quand je pose mes vocaux sur un album, je ne peux l’écouter que quelque chose comme 3 ans après, à cause de ça. Ce qui est positif au moins, c’est que quand j’écoute à nouveau les morceaux ces années plus tard, j’ai l’impression qu’ils sont nouveaux faute de les avoir entendus avant, ce qui n'est pas mal du tout :)
Je suis très agréablement surpris de redécouvrir la structure des morceaux, l’ensemble, les textes: je les trouve très bons. J’en apprends presque plus avec le recul, qu’au moment où ils ont été écrits.

Ton album est magique, dans le sens incroyablement fort ; Tu es magicien pour réussir ça ? :)

(Rires) C’est vrai que j’aime tout ce qui touche à la magie: pour moi, la magie, c’est l’art de la vie ! Tout comme j’aime les espaces infinis, j’aime les notes longues qui parlent et donnent l’impression d’atteindre quelque chose d’indescriptible ou si tu préfères c’est comme attraper les étoiles :)

Ta musique est très mouvante, de toute façon :)

Merci :) Je ne l’ai jamais révélé auparavant, mais quand j’avais 13 ans, il m’a été donné un nom par le Karmatta (NDT : mes excuses au cas où l’orthographe ne serait pas correcte) qui est, en Afrique, l’équivalent de la réincarnation du Bouddha dans la spiritualité tibétaine et ce nom est: « The Bearer Of The Flag Of Truth Into The World». A cette époque, son sens ne me disait rien, mais y en regardant rétrospectivement, ce nom a pris toute sa signification: il a à voir avec l’honnêteté et le courage. En Afrique du Sud, cet état d’esprit m’a coûté des démêlés avec la police, de durs moments…et dire la vérité aux USA est aussi autre chose. Pour moi, l’honnêteté, c’est prendre d’abord et avant tout soin des enfants. A mon idée, s’occuper des enfants, c’est comme être le roi du monde. Prendre soin aussi des femmes enceintes, leur donner la place qu’elles méritent est, là aussi le symbole le plus important. Quand tu respectes une femme et que tu rends un enfant sacré, alors, c’est ainsi que les choses vont bien et changent : que la vie suit son cours. Mon job, c’est de m’occuper des enfants, voilà pourquoi, tout l’argent de mon prochain album ira à ma fondation pour les orphelins. Je me fiche d’avoir de l’argent pour moi-même, j’ai tout ce que j’aime et me sens chanceux !

Merci pour cette belle rencontre

Merci à toi aussi (NDT : et l’homme de finir par une embrassade fraternelle: belle rencontre, oui vraiment !! :)

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