EMERGENCY GATE "You" - Interview Mario Lochert (B) @ Paris - 10 Jan 2013 :)
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Session Photos Mario (B) / Matthias (V): here / ici ;)
EMERGENCY GATE : interview avec Mario Lochert, bassiste, seul membre restant du line-up original, producteur / ingénieur du son et au demeurant, très sympa personnage :)
(Interview / Photos : Tasunka)
Après un sympathique salut et accueil de sa part et avant même de demander quoi que ce soit, Mario a deviné ma première question, ce qui nous fait sourire tout les deux, puisque oui, c’était bien de celle-là dont il s’agissait :)
Tout le monde demande, en question numéro un, pourquoi avoir intitulé notre nouvel album: “You” et je dois reconnaitre que je comprends cette interrogation, vu que ce n’est par un titre ordinaire
En fait, tout est parti du jour où nous étions tous assis en salle de répétition à chercher un nom pour l’album, quand Udo (Simon), notre lead-guitariste, s’est demandé pourquoi nous faisions tout ça, étant donné que ça nous coûte de l’argent, que nous passons du temps à le faire, en salle de répétition, en tournées, que ça nous prend du temps sur notre vie privée et du coup, la question était le pourquoi de tout ça ?
J’ai, alors, regardé les autres et leur ai répondu : « Parce que c’est ce pour quoi nous sommes destinés, pour ceux qui nous soutiennent depuis de nombreuses années et bien sûr pour nous, vu que c’est une passion commune qui nous anime". Et puisque nous faisons tout ça pour ceux qui nous soutiennent, qui sont en support derrière le groupe, alors, c’est pour ‘Vous’ que nous le faisons, d’où le titre ‘You’ et ce titre a fait tilt pour tous. A l’image des paroles au long de l’album, tout le monde peut y retrouver les sentiments intérieurs vis-à-vis de tout ce qui fait la vie, comme par exemple de la contradiction des sentiments, de la révolution qui se passe en son for intérieur, dans son cerveau, l’ébullition dans tes pensées ou encore comme sur « Back From The Grave » où il est question de ce que tu éprouves quand tu te sens au plus bas et que tu remontes la pente: c’est être un peu comme ces poupées russes qui s’emboitent les unes dans les autres, côté feeling quant tu reviens de loin et que personne ne s’attendait à ça. On peut plus ou moins évoquer l’idée d’un concept album, d’un lien entre les choses au long de ‘You’ étant donné que l’inattendu, que ce que tu n’attendais pas, est évoqué au détour des paroles, de l’album et bien sûr de la pochette. (NDT : pochettes par non moins que Dani Hofer, Archetype Design (Behemoth, Vader, entre autres)
Sur l’édition limitée (avec DVD, 3 bonus tracks, etc…) , tu vois une large ouverture où on peut apercevoir des miroirs ; chacun d’eux renvoie l'image d’un visage qui offre, à chaque fois, une expression différente: l’un est drôle, l’autre triste, un autre est en colère, et ainsi de suite et cela symbolise ce par quoi tu dois passer, le chemin pour atteindre la lumière. En fait, il y a six miroirs de représentés, étant donné que nous sommes six au sein d’Emergency Gate et que c’est le chemin du groupe, ces sentiments que tu peux éprouver. On était tous satisfait de cette idée au sein du groupe.
J’ai pensé que ce serait mieux de faire une autre représentation pour l’édition classique de l’album : on retrouve en quelque sorte une combinaison entre les deux pochettes. Quant tu regardes cet artwork, tu as une grande pierre face à toi, comme l’obstacle, le mur auquel tu peux parfois être confronté dans ta vie, et tu dois l’exploser si tu veux poursuivre ta route et au travers du trou fait dans ce mur de pierre, tu as une ouverture où tu peux lire ‘You’. Si l’idée de cet artwork a été la mienne, celle du ‘You’ est venue d’Udo.
Les paroles et la musique, c’est un travail en commun ?
La majorité d’entre elles viennent de Matthias (Kupka – chant) et d’Udo, mais ça a été un travail en commun pour la musique : je pense que nous avons dû passer quelque chose comme 3 000 heures dessus jusqu’au mixage final! On n’est pas rentrés en studio avec du matériel prêt à être enregistré, non, avec cet album, les choses ont été faites différemment : nous sommes arrivés en studio et avons travaillé les morceaux, les avons enrichis, construits. On enregistrait, effaçait si ça ne nous convenait pas, recommençait, etc… C’est aussi la raison pour laquelle il y a une vraie fraîcheur dans la façon dont sonne l’album et aussi un côté catchy, puissant, doublé d’un gros cœur, qui te donne envie de chanter en chœur les refrains au long du disque.
Et c’est bien le cas ! Tu pourrais m’en dire plus sur l’autre aspect marquant de la musique d’Emergency Gate, c'est-à-dire le côté créatif, la diversité qui parcourent les morceaux à la fois dans la musique et le chant: d’où cela vient ?
Ca remonte aux débuts d’Emergency Gate, quand le groupe a vu le jour en 1996 et c’est dû à notre parcours. Je suis le dernier membre fondateur au sein du line up actuel. Les deux premières années, on faisait des reprises dont Guns’N Roses, Lynyrd Skynyrd ce genre de truc, puis, on s’est mis à composer nos propres titres qui sonnaient comme la rencontre du Power Metal et du Heavy Rock. Le groupe s’est produit dans des concours régionaux, puis plus largement au niveau national où on s’est classés 17ième, ça fait longtemps maintenant (sourire). Ca a été un long et hardu chemin. Après la démo, on a fait le premier album « Nightly Ray » avec Spike Streefkerk (Mellissa Etheridge, Def Leppard, Phil Collins etc.) à la production, ce qui était génial étant donné qu’il est un très bon producteur. Ensuite, a suivi une tournée avec Mercenary, tout allait bien, mais, d’un coup, notre chanteur (guitariste et co-fondateur du groupe) de l’époque, Fabian ‘Cem’ Kiessling s’est retrouvé à devoir quitter le groupe. Le seul choix a alors été de laisser tomber ou de s’accrocher et le reste du groupe et moi avons opté pour la seconde solution : « Faisons quelque chose de nouveau ! », c’est ce que nous nous sommes tous dit pour continuer à faire exister Emergency Gate. Et c’est comme ça que de nouvelles compositions ont vu le jour, même si nous avions perdu notre chanteur et notre contrat avec la maison de disques à la même période. Dur moment, mais c’est aussi là que j’ai rencontré Matthias et l’ayant entendu (avec Suidakra) je lui ai dit combien je trouvais qu’il était bon chanteur, mais que c’était dommage qu’il vive trop loin, pour rejoindre Emergency Gate, ce que j’aurais souhaité. Ça n’a pas arrêté Matthias qui m’a répliqué que les vols entre Düsseldorf et Munich étaient plus qu’accessibles côté prix et c’est ainsi qu’il a rejoint le groupe. Le fait de pouvoir chanter à la fois en growl et en voix claire lui a plu et l’a décidé à rejoindre Emergency Gate. L’histoire a repris son cours : un autre album a vu le jour, un nouveau deal avec un label aussi et une nouvelle tournée au travers de 28 pays. Emergency Gate a pris de plus en plus d’importance sur la scène Metal, mais la faillite de SPV nous a laissés sans maison de disques une nouvelle fois. Même chose avec Twilight Zone Records avec qui nous avions signés, qui se sont retrouvés insolvables. A l’heure actuelle nous sommes sous contrat avec ZYX Music qui nous avaient vus jouer lors de Metal Fest Tour en Allemagne. Nous avions reçu des offres de signature de la part d’autres compagnies, mais c’est ZYX qui a été choisie par tout le groupe, parce qu’eux nous ont convaincu avec leur volonté de nous pousser vers le haut. On a signé pour deux albums.
Sacrée histoire et volonté de la part d’Emergency Gate ! C’est à cause de tout ça que le groupe n’est pas aussi connu en France qu’il le devrait, je pense ?
C’est vrai que c’est la partie des maisons de disques, de s’occuper de ça. S’il y avait eu une signature chez Nuclear Blast, c’est clair que nous en serions sur un niveau différent à l’heure actuelle. C’est le côté difficile si tu as un label qui se retrouve insolvable mais les choses vont mieux, alors, on verra
On croise les doigts pour :) Pour en revenir à ‘You !’ c’est toi qui t’es à nouveau occupé de la production ?
Effectivement, j’ai été en charge de la production, du mixage et de l’enregistrement de l’album.
Comme tu as produit pour ton propre groupe, tu l’as fait différemment que pour les autres formations avec lesquelles tu travailles ?
Que ce soit avec GRAVEWORM ou encore avec VISIONS OF ATLANTIS, c’est toujours un travail à 100% mais avec Emergency Gate et ‘You’, il y a eu un processus créatif en plus, qui s’est traduit sous la forme de travailler les morceaux quand on était en studio, de travailler main dans la main avec tous les membres du groupe, ce qui s’est révélé une très bonne chose : chacun étant très satisfait du produit final. Normalement, je ne m’occupe pas du mixage quand je suis en charge de la production, mais cette fois, je l’ai fait, parce que dans mon esprit, je savais exactement comment le disque devait sonner. Il fallait donc que je le fasse
En quoi tu dirais que le son d’Emergency Gate est unique ; avec l’apport des synthétiseurs, je veux dire?
J’ai vu écrit qu’Emergency Gate présentait des ressemblances avec Amaranthe, Asking Alexandria ou encore SOILWORK. Si je peux accepter pour SOILWORK, je ne suis pas d’accord pour le reste : EMERGENCY GATE existait déjà avant Alexandria ou autre et c’est donc lui l’origine de ces groupes. On a utilisé des synthétiseurs pour la première fois en 2008 alors qu’Asking Alexandria a été créé seulement plus tard. C’est n’importe quoi d’écrire ce genre de truc.
Il n’existait alors qu’une autre formation qui utilise des boucles techno comme ça, il s’agit d’un groupe japonais : Bloodstained Child. Et quand on emploie les synthés de cette façon, nous le faisons de façon vraiment créative, hors de question de se retrouver avec un son de synthés genre jeu vidéo Nintendo ou autre, avec des guitares, pas question (rires) Du coup, nous faisons toutes les programmations nous-mêmes pour obtenir ce résultat créatif. C’est le boulot de Daniel (Schmidle): il travaillait avec son casque sur les oreilles, me faisait écouter la ligne de ce qu’il avait fait, en me demandant si ça collait avec ce que j’avais en tête. C’est un travail pointu. Il y a d’abord eu une pré-production, qui, une fois qu’elle a été jugée satisfaisante, nous a permis d’entrer en session d’enregistrement pour, d’abord, la batterie, basse, les guitares, claviers et enfin, le chant. 3 000 heures au total !
Beau résultat en tout cas! Tu pourrais m’en dire plus sur l’un des morceaux les plus qu’efficaces de l’album : « Revolution » ?
Udo, notre guitariste, t’en dirait plus. Je ne sais plus à quelle révolution il fait vraiment référence, mais je pense qu’il s’agit de la révolution en Chine. Voilà pourquoi tu entends dans l’intro ‘Che, Che’ et plus généralement il est évoqué ce sentiment que tu as quand tu veux t’extirper de ta vie, de ses contraintes. Udo s’est impliqué encore plus dans ce titre dont il a composé paroles et musique. En fait "Revolution" est le seul morceau de l’album qui n’a pas été réarrangé, vu que Udo est arrivé avec, en studio, en nous faisant écoutez les riffs qu’il avait déjà pour ça. Comme c’était tout simplement bluffant, on n’a rien changé à ce qu’il a amené, le titre était déjà là, qui fonctionnait bien. La guitare est forte, bien marquée sur ce titre et la ligne basse-batterie est directe, avec, aussi, une ligne mélodique efficace. Matthias a eu quelques difficultés vocalement sur ce morceau en raison de passages vraiment haut perchés, pour enfin retrouver une paix en fin de track
Et toi ? En tant que bassiste, quel(s) titre(s) préfères-tu sur le nouveau disque ?
« Back From The Grave » ! J’en ai aussi écrit les paroles: c’est l’histoire de ma vie (sourire). Vient également « Moshpit », qui est un titre vraiment génial, fun à souhait et parle de ce lien qui existe entre ceux qui nous suivent et nous, entre ce pied d’égalité que l’on a tous, de ce plaisir de s’éclater en concert ensemble. Il y a de très bonnes lignes de guitares dessus. C’est un morceau vraiment cool.
Emergency Gate est habitué à tourner beaucoup. Une ou plusieurs dates en France sont-elles prévues en 2013 ?
C’est vrai pour ce qui est de tourner : en 2009, on a dû jouer quelques chose comme 75 dates, alors, en 2012, ça a semblé une petite tournée avec à peu près 26 / 27 dates. Ca me semble rien pour moi, ce nombre-là. J’ai très envie de revenir jouer en France, comme on s’y est déjà produits deux fois, à Bordeaux, Marseille, Paris à l’Elysée Montmartre et en ce moment, c’est en cours de discussion. J’ai envie de revenir jouer en France, j’aime ce pays, les gens et la nourriture (sourire)
A propos d’être endorsés, vous avez beaucoup de soutien : Chris « The Crazy Machine » Widmann, votre batteur, a été endorsé récemment par les cymbales Masterwork , côté guitares, vous avez, notamment le très bon luthier Schecter et toi, en tant que bassiste ?
Je suis endorsé Ibanez (SRX 725, Prestige 4500), Audix, beaucoup de choses. C’est un plaisir d’avoir des partenaires comme ça, il existe une très bonne relation entre nous, j’en suis heureux !
C’est vrai que le groupe a beaucoup de soutien et de gens qui croient en nous, mais le problème est que ça n’aide pas quand tu ne reçois pas d’argent de la part de la maison de disques. Ce sont les artistes stars qui gagnent de l’argent et en font gagner aux maisons de disques mais pas la musique des groupes. C’est comme ça !
Que puis-je te et vous souhaiter, en plus de gagner de l’argent pour continuer votre passion ? :)
Souhaite-moi et à nous tous une longue vie en pleine santé et le meilleur pour la sortie de l’album et le groupe :)