SHAKRA "Powerplay" - Interview John Prakesh (V) / Thomas Muster (G) @ Paris - 13 Dec 2012 :)
Chronique "Powerplay" en cliquant sur l'image ;)
Très sympathique et intéressante interview avec John Prakesh et Thomas Muster, respectivement chanteur et compositeur / guitariste rythmique de SHAKRA, ce groupe aussi chaleureux et prenant humainement parlant qu’il peut l’être d’un point de vue musical, comme le démontre leur très réussi dernier album « Powerplay », dans les bacs le 11 janvier 2013
(Interview / Photos : Tasunka)
Comment vous présenteriez « Powerplay », comme une évolution dans votre discographie ?
Thomas : C’en est assurément une, une évolution naturelle. La musique est une affaire personnelle ce qui fait que tu ne peux pas planifier de composer de bons morceaux. Nous avons quelques années de plus dans le groupe et c’est le cas aussi pour notre musique. Notre musique a grandi avec nous, à moins que ce soit nous qui avons grandi avec notre musique, peut importe, étant donné qu’au final, ce que nous faisons a changé un peu tout comme nous-mêmes. J’étais plus dingue en étant plus jeune, maintenant, j’ai des années de plus, je suis marié, mais notre musique est et reste 'sauvage' (rires)
John : Thomas est très bon pour écrire des titres, il est le compositeur principal de « Powerplay ». Je suis fier de faire partie de SHAKRA et de faire de la musique avec lui.
Thomas : Parfois, je me demande d’où vient l’influence quand je compose, ça arrive comme ça. Quand j’étais plus jeune, j’écoutais des groupes comme AC / DC, ce qui n’est plus le cas maintenant, même si AC / DC reste une référence, aujourd’hui, je suis plus sur des groupes comme RUSH, DREAM THEATER, notamment, ce qui peut se ressentir comme influence, quand tu composes de nouveaux morceaux. Si tu écoutais à longueur de journée du AC / DC, par exemple, un titre comme « Dream Of Mankind » ne serait pas possible à écrire: ce morceau, c’est en quelque sorte une façon progressive de composer. « Dream Of Mankind » n’est pas juste un morceau Rock, quand je l’écoute, il me fait penser à des paysages musicaux, il y a beaucoup d’atmosphère, il sonne grand alors que « Life Is Now », sonne purement directement Rock. On ne peut pas les comparer, c’est une atmosphère différente pour chacun d'eux. « Dream Of Mankind », j’aime son atmosphère, un peu sombre, ainsi que les 'grognements' de John au chant
John : C’était un plaisir de faire ces parties vocales, un peu effrayantes et différentes
Et avec toi John, Dominik (Pfister) à la basse, vous êtes les dernières recrues à avoir rejoint Shakra, il y a quelques temps : quelles sont vos influences sur le groupe et le dernier album?
Thomas : La voix de John est une source de motivation surtout par rapport au chanteur que nous avions auparavant. Il nous permet de nouvelles possibilités telles que celle d’écrire des titres comme « Dream Of Mankind », « Right Now ». Avec ma femme, John me permet de garder un esprit jeune
John : Il connait mes possibilités vocales, ce qui m’a permis de m’exprimer pleinement et j’aime cette sensation de former vraiment une équipe quand on collabore ensemble, c’est très intime, c’est un peu comme le sexe (rires) Non, je plaisante (rires)
Thomas : Ce que John essayait de dire, c’est que c’est nous nous complétons bien : il écrit les lignes vocales, quelques lyrics et je compose, ça se combine parfaitement bien. Voilà pourquoi je pense que « Powerplay » est le meilleur album du groupe, même si je suis, évidemment, fier des précédents, mais le dernier est, à mon avis, le tout meilleur. Bien sûr, nous n’allons pas arriver et dire que « Powerplay » est mauvais, (rires) Non, sérieusement, c’est le meilleur que nous ayons fait. Je suis convaincu que c’est un bon album, Du coup, on risque d’avoir des problèmes pour le prochain disque, pour faire pareil ou mieux (sourire)
Vous avez été classés numéro deux dans les charts suisses avec le précédent album, « Back On Track», du coup, il y avait une pression pour faire mieux avec le nouveau disque?
Thomas : Non, étant donné que j’étais déjà en train de travailler sur de nouveaux morceaux tellement tôt, dès la sortie de « Back On Track », je me suis mis à écrire du nouveau matériel et on a commencé à se demander quand sortir le prochain, à se dire que janvier 2013 serait une bonne date. On avait déjà 20 morceaux pour ce nouvel album, à cette époque-là et quand tu as de bons titres déjà en ta possession, il n’y a pas de pression. Par contre, pour le successeur de « Powerplay », rien n’est encore écrit et là, il pourrait y en avoir. Pour la première fois, aucun nouveau titre n’est déjà composé étant donné que j’aime tellement les morceaux de « Powerplay », que je veux les savourer, en profiter. Quand on a fini d’enregistrer « Back On Track », le précédent disque, de suite la composition de nouveaux titres s’est faite, simplement parce que j’avais le sentiment que je pouvais écrire de meilleurs morceaux encore que ceux figurant sur « Back On Track ». J’avais cette ambition de faire encore mieux. Là, avec le nouvel album, à l’instant présent, je pense que si je me mettais à écrire des morceaux, ils ne seraient pas aussi bons. C’est pour ça que, pour le moment, je préfère attendre pour le faire. Bon, allez, pour être complètement honnête, oui, il me reste quelques titres déjà écrits, quelques ballades, qui ne figurent pas sur « Powerplay », alors qu’elles sont vraiment bonnes. Tu vois, j’ai encore quelques titres en réserve (rires)
En parlant de ballades, un mot sur « Wonderful Life » qui est vraiment accrocheuse ?
John : Merci ! J’ai écrit les paroles. Quand je l’ai fait, j’étais de bonne humeur, dans un état d’esprit positif et je voulais faire partager ce ressenti au travers du morceau. Tu sais, ce sentiment que tu as, parfois, quand ça ne va pas mais dès que tu prends un peu de distance, tu vois les choses sous un autre angle, ton impression change, ce n’était pas aussi grave que cela semblait l’être. Et la vie te semble à nouveau géniale, paradisiaque
Thomas : « Wonderful Life » est spécial. Son thème musical principal, je l’avais écrit il y a 8 ans mais l’avais mis de côté, il ne correspondait pas avec le chanteur de l’époque et quand John a rejoint le groupe, j’ai trouvé que c’était le moment de le ressortir, parce qu’il lui collait bien. Si j’ai écrit le thème musical, la ligne vocale a été entièrement faite par John. C’est une chanson qui vient directement du cœur.
Il y a de façon évidente un lien fort entre tous les membres de Shakra et un line-up solide, une unité : comment vous le définiriez ?
Thomas : C’est bien ça, on peut parler d’unité. Ce n’était pas le cas, par le passé, il y avait des problèmes avec le chanteur que nous avions. Il était excentré et buvait beaucoup, trop. Dès le matin, il buvait déjà autre chose que de l’eau. Ca rendait évidemment la communication difficile entre nous et quand il s’agissait de parler du groupe, il avait une opinion complètement différente de la notre à ce sujet. Par exemple, si tu vois qu’une chose est de couleur rouge, c’est le cas, mais lui, soutenait que c’était vert. Personne ne devrait boire trop et nous en sommes malheureusement arrivés au point où nous avons dû voir nos routes se séparer. Mais pour en revenir à ta question, il existe une très bonne relation entre les membres de Shakra, mais pas une amitié forte. Je veux dire par là, que nous ne faisons pas tout ensemble. Je pense que si nous avions encore 20 ans, à l’heure actuelle, nous passerions probablement tout notre temps les uns avec les autres, mais là, nous sommes plus âgés, nous avons notre famille avec qui nous passons du temps, nous avons notre propre vie. Nous partageons néanmoins une très bonne relation entre nous, beaucoup de respect mutuel et mon opinion est que nous avons, à présent, le meilleur line-up que le groupe ait jamais eu.
Et pour ce qui est de la composition des morceaux, c’est un travail commun ou principalement toi, Thomas, qui t’en charges ?
Thomas: Non, Thom (Blunier) le lead guitariste, écrit aussi. Le principal des titres a été composé par moi, 8 ou 9 morceaux et le reste a été composé par Thom et John pour les paroles. C’est notre bassiste (Dominik Pfister) qui a écrit les lyrics de « Stevie ».
C’est Thom qui s’est aussi à nouveau chargé de la production du dernier album dans ses studios (Powerride Studios), il me semble ?
Thomas : Effectivement ! C’est une bonne chose qu’il soit le producteur et que l’enregistrement se fasse dans son studio. Vu qu’on n’a pas à payer pour ça, il n’y a donc pas de contrainte de temps pour faire les choses comme on voudrait et travailler jusqu’à ce qu’on obtienne pleine satisfaction. On peut travailler aussi longtemps que l’on veut, ce qui est vraiment appréciable.
Il n’y a pourtant pas un peu de danger, d’avoir cette liberté de temps, de devenir perfectionniste et ne jamais être satisfait du résultat ?
Thomas et John en même temps : ah c’est une bonne remarque ! Ca pourrait être un peu dangereux parfois, oui
Thomas : C’est vrai que Thom peut avoir ce côté perfectionniste et si on lui laissait une année, il pourrait en être à retravailler encore l’enregistrement, mais non, c’est ok. Personnellement, j’aime quand c’est parfait, mais pas trop parfait, sinon ce n’est plus bon.
Thom et toi êtes de très bons guitaristes, existe-t-il quelques fois, une compétition amicale entre vous quand vous jouez ?
Thomas : Non, pas de compétition au niveau guitare, peut-être un peu pour ce qui est de la composition des morceaux, vu que j’écris pas mal des titres, mais lui aussi, même si c’est un peu moins. Par contre, pas de rivalité du tout pour ce qui est des guitares. Thom est un super lead guitariste, je l’admets volontiers et je dois confesser ne pas être aussi bon en lead que lui. Bien sûr, Je suis un bon guitariste rythmique mais je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas faire vibrer musicalement en lead, comme il le fait.
John : Tu es modeste surtout
Thomas : Je pense qu’il est important de se connaitre soi-même, d’avoir conscience de ce que tu peux et ne peux pas faire. Je connais mes forces et mes faiblesses en tant que musicien. Je ne demanderais jamais à jouer en lead, simplement parce que je ne peux pas le faire. Ça sonnerait de façon horrible
John : Tu exagères !
Thomas : Non, dès la première fois où j’ai eu une guitare, je me suis mis à composer des morceaux. Je ne répète pas, non, à peine j’ai l’instrument dans les mains, j’ai une mélodie en tête et j’écris. Ca, c’est ma façon de jouer de la guitare : composer, pas répéter. Quand j’ai eu douze ans, j’ai commencé à jouer et mes parents m’ont, alors, inscrit à une école pour des cours de guitare classique et c’est dommage, mais à treize ans, j’ai arrêté : je voulais jouer autre chose que du classique, du AC / DC. Peut-être que si j’avais continué à apprendre la guitare classique, je serais un meilleur musicien maintenant ou encore un prof de guitare, et au contraire, pas un bon compositeur, incapable d’écrire de bons morceaux, qui sait ?
Et pour ce qui est de s’améliorer ou apprendre plus, toi, John, en tant que chanteur, que retires-tu comme expérience d’être dans Shakra ?
John : De travailler beaucoup, d’avoir une vie saine, de prendre soin de ma voix, de boire beaucoup d’eau, je bois peu d’alcool, ne fume pas. Depuis que j’ai rejoint Shakra, je fais d’autant plus attention, sinon, ce serait catastrophique d’avoir un problème de voix et aussi, c’est positif de chanter dans des variations vocales comme celles qu’il y a sur « Powerplay » : j’aime chanter quelle que soit la variation, que ce soit sur du Rock, sur une ballade, sur un plus intense comme « Dream Of Mankind ». J’aime tout chanter, c’est varié
Comment tu as rejoint Shakra ?
John : Je connaissais le groupe pour l’avoir déjà entendu à la radio et un jour, à mon ancien travail, mon boss m’a dit avoir entendu dire que le groupe était à la recherche d’un nouveau chanteur et m’a suggéré de postuler. Je n’arrivais pas à décider si je devais le faire ou pas et c’est ma mère qui a envoyé ma candidature au groupe, sans que je le sache. Et tout a été très vite : deux jours plus tard, le groupe voulait me voir et ça a collé. C’était comme un rêve! Je crois aux anges et dans les énergies et je me dis que ça devait se faire !
Thomas, tu es endorsé par une marque de guitare, au fait ?
Thomas : Oui, par Schecter (et fièrement, il ouvre son blouson pour dévoiler un T-Shirt de la marque). Je les aime, ces guitares. Quand j’en joue, ça sonne vraiment bien et c’est le plus important. Thom, lui, ne joue que sur des Les Paul. Bien sûr, ces guitares Les Paul sont parfaites et j’ai déjà joué sur des Gibson, mais quand c’est moi qui les utilise, ça sonne souvent un peu comme si c’était hors ton. Je pense que ça vient de leur taille: par exemple, la taille d’une Schecter est la même que celle d’une Fender Stratocaster. Elles sont toutes les deux un peu plus longues que les Gibson et donc, mieux proportionnées à ma taille. Il semble que ça me convienne parfaitement. Bien sûr, si on mettait en compétition une Les Paul et une Schecter, en en jouant, la Les Paul gagnerait, mais dans mon cas, les Schecter sont parfaites pour moi. Je me sens super bien et suis ravi de jouer dessus, en plus de les avoir gratuitement, ce qui est vraiment cool. Ma guitare et moi, c’est une unité, une complémentarité, comme entre ma femme et moi (rires)
Thomas devant s’absenter pour enchainer une autre interview (eh oui, c’est fou comme le temps file quand une interview est aussi sympa que ça), c’est très gentiment que John poursuit l’entrevue pour un extra time malgré le marathon des 21 interviews du jour et un planning serré : merci beaucoup à lui, à Thomas et à Roger Wessier pour tout ça !! :)
En mars et avril 2013, Shakra sera en tournée en Suisse, en Allemagne et sur une date française lors d’un festival à Strasbourg : pourquoi une seule date en France ?
John : J’espère vraiment, en fait, que cette date française pourra se faire, tout est question de promotion, voilà pourquoi nous sommes aujourd’hui et demain à Paris pour promouvoir le groupe et notre dernier album. Ça nous ferait très plaisir de venir jouer en France. Shakra s’est fait un nom et est bien connu en Suisse, en Allemagne mais en France, ce n’est pas vraiment le cas.
C’est surprenant, vu que vos compatriotes Gotthard sont bien connus et appréciés en France, il me semblait que c’était aussi le cas de Shakra
John : A moi aussi, ça me semble un peu incroyable que Shakra ne soit que peu connu en France. Même si j’ai rejoint le groupe il y a seulement trois ans, ça me surprend mais on travaille pour que Shakra se fasse un nom en France : nous avons le meilleur album que Shakra ait jamais fait, nous y avons mis toute notre énergie, et nous voulons partager ça avec vous tous
Et Gotthard et Shakra, vous êtes en contact ?
John : Oui, nous avons déjà rencontré Mark (Lynn - Basse) et fait la fête ensemble : c’est un mec très sympa. Il n’y a pas de rivalité entre les deux groupes, nous jouons un style différent
En cette période de fête, que pourrais-je vous souhaiter, en plus d’être plus connus en France, bien sûr ?
John : Le meilleur !!
Je et on vous le souhaite tous !